Here are a few excerpts from interviews.
Voici quelques extraits d’entrevues…
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Q: Isabelle is hard to get a read on.
She’s a mystery, that’s what interested me. I wanted to show that when you are a teenager, you are very mysterious to other people. I wanted to play a game with the audience. I don’t have one answer. She is many things. There’s many reasons for her behavior. I wanted people not to judge her, but to try and understand her. For me she’s like many teenagers — they don’t have words to express themselves. Everything is changing in their bodies, and in their emotions. It’s very difficult for them to communicate. That’s something I had experienced when I was a teenager. I wanted to show that.
So there’s some of you in her.
Don’t worry, I didn’t do prostitution. For me, it was a terrible time, I didn’t like it. I wanted to show the difficulty of this period. I was not able to say what happens inside. I didn’t realize the violence of my emotions, of my desire. When you’re a child you think your parents are heroes. When you realize they’re not the heroes you made them out to be, it’s a strong dissolution.
Why did you choose therefore to make the film about a young woman coming of age, and not a man?
“In the House” was about a young male character, so this time I wanted to do a portrait of a young woman. To me there is no big difference between male and female. Very often you could change the sex of the character. What interests me was to show the power of this young woman. She knows her power, she knows her beauty and she uses it. It could be the same for a man.
At Cannes, you got nasty press after making those comments to The Hollywood Reporter. Do you feel you were misquoted?
I didn’t want to do the interview—but you know you have to do it—I had the feeling the journalist liked the film, I’m not sure, but she was nervous about the fact that it was about prostitution. What I tried to say was just the fact that prostitution could be a fantasy. It could be a fantasy of men and women. Just a fantasy. What I tried to say was about the character of Charlotte Rampling who at the end of the film says, “I have always this fantasy, but I never did it.” I wanted to say that every woman has this fantasy. Because the film is not a polemic I think.
I was the new Lars von Trier, I should have spoken about Nazis too. Nazis and prostitution would have been bigger.
You complete your projects at such a rapid rate. What can you tell me about your next film, “The New Girlfriend“? How do you keep this pace up?
I like to do movies. For me it’s always a pleasure. Actually, I suffer more when I don’t do movies. Because my films are very low budgets I’m able to find the money to finance the films.
Do actresses come to you, begging for you to write for them?
In France there is a real pleasure to make movies about women—and very often it’s films that could be successful. Under the Sand with Charlotte Rampling was quite strange. Nobody wanted to put money on the film, everyone said that Charlotte Rampling was over. When the film was released it was a big success.
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Ozon, artiste virtuose, s’impose désormais comme l’un des meilleurs cinéastes français actuels. Réputation non usurpée, talent certifié.
Il ne faut surtout pas conclure qu’Ozon est un parvenu. Bien au contraire. Sa carrière ne se résume pas à deux trois films grand public mais à une longue traversée semée d’embûches avec des films fascinants et politiquement incorrects. Avec une moyenne d’une fiction par an depuis 1997, feu l’enfant terrible du cinéma français continue de tracer son parcours. La première fois qu’on a entendu parler de lui, c’était avec ses courts métrages. La petite mort, un petit chef-d’œuvre bouleversant sous son vernis provocateur, ou Scènes de lits, un court métrage kaléidoscopique et inquiétant. Des films complexes, subtils, d’une grande richesse émotionnelle, qui montrent que le démon Ozon a une double face : celle qui célèbre l’amour mais aussi l’autre, plus sombre, qui fait grincer les dents.
Après les courts, les longs…
Regarde la mer fut une transition permettant au cinéaste de passer au long métrage. Dans Théorème, Pasolini faisait entrer Dieu dans une famille pour étayer une parabole sur le pourrissement de la bourgeoisie. Dans Sitcom, Ozon prend un rat comme élément perturbateur, catalyseur des fantasmes enfouis : lorsqu’un personnage touche le rat, sa vraie personnalité prend soudain le dessus et révèle tous ses désirs secrets. Les amants criminels est un film d’horreur psychanalytique qui mêle le fait divers aux contes de fées et autopsie la crise identitaire de deux adolescents avec son cortège d’ambiguïtés (morales, sexuelles) et de sentiments refoulés (l’homosexualité de Luc). Il en résulte un film troublant, envoûtant, idoine pour le jeune ado en pleine confusion des sens, mais aujourd’hui plus maladroit que foncièrement dérangeant.
Un an plus tard, Ozon sort Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, une adaptation d’une pièce inédite de Rainer Werner Fassbinder, un huis clos qui sonde les rapports SM entre des personnages dominés par un homme à la fois charmeur, tyrannique et cruel (Bernard Giraudeau, dans son rôle le plus dur). Sous le sable, le quatrième long du cinéaste, traite du deuil de la façon la plus elliptique qui soit (tout est suggéré) ; ce sera le film de la consécration. Il marque également le retour de Charlotte Rampling au cinéma.
Après le succès critique, le succès public
Le public viendra définitivement vers François Ozon avec Huit femmes, son cinquième film (le plus ambitieux, pas le meilleur) qui réunit un casting de rêve. La bande-annonce, parfaite, laisse entendre que nous allons assister à une partie de Cluedo. En fait, l’ambition d’Ozon est ailleurs. Peu importe la résolution du film, peu importe l’identité du tueur : on n’est pas là pour cela ; et ceux qui s’attendaient à une enquête policière lambda ont fatalement été déçus. Huit femmes, c’est avant tout un magnifique hommage au métier d’actrice et par extension au cinéma.
Après un tel film, Ozon aurait pu prendre une pause bien méritée, mais non. Le réalisateur signe le mystérieux Swimming pool, sorte de shyamalanerie française glacée, dans lequel Sarah Morton (Charlotte Rampling), auteur anglais de polars à succès, venue se reposer et travailler dans la maison de son éditeur, voit sa quiétude perturbée par Julie (Ludivine Sagnier), la fille de ce dernier. Le cinéaste observe les rapports de force entre ces deux femmes qui, tour à tour, se disputent, se manipulent, s’aiment. Un thriller original et érotique, cérébral et drôle qui précède 5 x 2, autopsie implacable d’un couple en crise à la méthode Irréversible, nouveau trouble instillé par un cinéaste définitivement épatant. Qui revient un an plus tard à ses anciennes amour “trash” en signant Le temps qui reste, où il décortique ses obsessions avec une générosité souveraine.
Après ce feu d’artifice, on lui pardonne volontiers le faux-pas d’Angel, beau spectacle un peu vain sauvé cependant par quelques réjouissances visuelles. On reste à nouveau dubitatifs devant son mystérieux Ricky. Avec Le refuge, le cinéaste revient à un cinéma intimiste qui semble lui réussir davantage.
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